• En France, 1 femme sur 10 serait victime de violence conjugale. (Chiffre Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales)
Au quotidien de nombreuses femmes vivent, à des degrés différents, des violences : main aux fesses, blagues graveleuses, harcèlement sexuel au travail, droit de cuissage, violences conjugales, prostitution forcée, agressions sexuelles et viols. Cette réalité a tendance à être banalisée même si, grâce aux mobilisations féministes, elle ne peut plus être ignorée. Les violences sont l’expression de la domination masculine qui intervient dans tous les domaines de la vie : à la maison, au travail, dans la rue. Ces violences sont le fait de « Monsieur-tout-le-monde », toutes classes sociales confondues. Elles reposent sur le système de domination masculine, et sont une manifestation extrême mais non accidentelle des inégalités et des discriminations que les femmes subissent.
En 2010, 146 femmes sont mortes sous les coups d’un compagnon ou d’un ex-compagnon. 48.000 femmes sont violées chaque année. À ces chiffres dramatiques s’ajoute un nombre important de femmes qui gardent des séquelles des violences physiques et psychologiques qu’elles ont subies.
L’enquête nationale sur les violences faites aux femmes réalisée en 2002 a eu le mérite de les rendre visibles et a permis une mobilisation à l’initiative des organisations et associations féministes telles que le Collectif national pour les droits des femmes (CNDF), Femmes solidaires, le Planning familial. Cette mobilisation a débouché sur l’élaboration d’un projet de loi-cadre qui avait l’ambition d’allier prévention, éducation, service d’accueil, d’écoute et d’hébergement des femmes victimes de violences et, au niveau judiciaire, la mise en place d’une ordonnance de protection des victimes.
La loi votée par le gouvernement en 2010 n’est pas la loi-cadre telle qu’elle avait été travaillée et ne concerne que les violences conjugales. Circonscrire les violences faites aux femmes à ces dernières permet de ne pas poser la question de la domination masculine et renvoie de façon implicite à des problèmes de comportements qui seraient liés à la relation au sein du couple et à l’attitude « délinquante » de certains hommes. La prévention et l’éducation sont mises de côté alors qu’il est essentiel de promouvoir une éducation non sexiste à l’école, mais aussi dans tous les espaces publics.
Si l’ordonnance de protection permettant à la femme d’être protégée contre un conjoint ou ex-conjoint violent a été adoptée, elle n’est pas mise en place partout.
Pas de service public qui permette d’accueillir, d’écouter, d’héberger les femmes victimes de violences. Au contraire le gouvernement ferme les centres d’hébergement d’urgence (comme le seul centre pour femmes sans domicile fixe, à Paris, en juillet), diminue les subventions aux associations comme le Planning familial mais aussi aux petites associations qui gèrent des permanences d’accueil et d’écoute dans les quartiers. Les postes qui diminuent dans les différents services publics tels que la santé ou l’Éducation nationale ont forcément une incidence sur la vie des femmes et, notamment, des jeunes femmes.
Pour lutter contre ces violences, nous voulons une véritable loi-cadre contre les violences faites aux femmes avec les moyens nécessaires à la prévention et à l’éducation.
La précarité, le temps partiel imposé, le harcèlement moral et sexuel, le chômage et les attaques contre les retraites touchent plus particulièrement les femmes. Les salaires des femmes sont inférieurs de 27 % à ceux des hommes, alors même que les situations de femmes seules avec enfants se multiplient. L’inégalité salariale permet de maintenir la pression sur les salaires, de mettre les salariéEs en concurrence, et empêche les femmes d’acquérir leur indépendance. Cette inégalité a aussi des répercussions sur les pensions de retraite, celles des femmes étant en moyenne d’environ 42% plus faibles que celles des hommes. Une véritable politique d’égalité salariale et professionnelle entre les femmes et les hommes doit être imposée aux entreprises, avec les sanctions conséquentes qui s’imposent. Force est de constater que trop d’entreprises continuent aujourd'hui encore de contourner de facto la loi, sans qu’elles ne soient réellement inquiétées. Une telle politique doit également être accompagnée par un accès égal aux formations et aux métiers (éducation, orientation, formation continue).
La représentation publique, donc politique, est accaparée de façon écrasante par les hommes, et qui plus est les hommes blancs, issus des classes moyennes et supérieures (et souvent des mêmes formations), hétérosexuels, et âgés. Il s’agit d’un verrouillage délibéré de la classe dominante pour garder le pouvoir. Il serait illusoire de penser que ces personnes lâcheraient de bonne grâce ces postes prestigieux socialement, et financièrement très avantageux. L’obligation de parité, avec des sanctions réellement insupportables, est donc une nécessité pour permettre au reste de la population d’être représenté.
La différence de salaires hommes-femmes, la précarité, les temps partiels imposés, le chômage, mais aussi le peu de sanctions à l’encontre des pères qui ne versent pas les pensions alimentaires, concourent à la pauvreté féminine, en particulier des femmes avec charge de famille. L’émancipation féminine ne pourra être atteinte tant qu’une femme sera contrainte socialement et financièrement de se mettre en couple avec un homme pour pouvoir élever décemment ses enfants. C’est pourquoi le NPA revendique une augmentation immédiate de tous les revenus de 300€ net et qu’aucun d’entre eux ne soit inférieur à 1700€ net.
Le droit de disposer librement de leur corps a été gagné grâce aux luttes des femmes. Aujourd’hui, ce droit est remis en cause par les intégristes et l’extrême droite, mais surtout par les mesures gouvernementales contre le système de santé et la Sécurité sociale : contraceptions et protections non remboursées, fermeture de maternités et de centres d’IVG (interruption volontaires de grossesse)...
Toutes les contraceptions et toutes les protections ainsi que les pilules du lendemain et l’IVG doivent être accessibles et gratuites. Les jeunes filles doivent pouvoir avoir accès à la contraception gratuite et anonyme dans les établissements d’enseignement, mais tous les jeunes doivent aussi avoir droit à une véritable éducation sexuelle ; une grossesse, ça se provoque à deux, et les jeunes hommes comme les jeunes filles sont encore trop mal informés sur le sujet, comme sur celui des MST/IST.
Comme pour les politiques, la parole d’autorité, d’expert, est attribuée aux hommes dans notre société. De plus, les responsables éditoriaux sont le plus souvent des hommes, qui cooptent d’autres hommes. Cette logique vise à terme à décrédibiliser la compétence professionnelle des femmes. Ces préjugés doivent être combattus avec une politique de parité volontariste, ainsi que par un effort constant de remise en cause et de déconstruction des normes sexistes, qui circonscrivent la parole d’expert, la parole de connaissance – la parole publique, en somme –, à la sphère « masculine » de notre société. Une telle remise en cause doit s’opérer dès le plus jeune âge, notamment par le biais de l’école, et d’une éducation réellement non sexiste, dans le cadre d’une véritable politique de lutte contre les discriminations et l’idéologie sexiste.
Crédit photo : Photothèque Rouge/Marc
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