Brillant, glaçant, dévastateur : et si "Triste Tigre' était le prochain prix Goncourt ?
Brillant, glaçant, dévastateur : et si "Triste Tigre' remportait le prix Goncourt ?
Ca y est, on en sait enfin un peu plus sur ce que pourraient être les finalistes du prestigieux prix Goncourt.
Le précieux sésame remporté l'an dernier par Brigitte Giraud (Vivre vite) pourrait tout à fait revenir à non pas un auteur, mais une autrice... Pour la deuxième année consécutive. Et pourquoi pas ?
Parmi les romans qui composent la deuxième sélection du Goncourt on trouve Triste tigre, de Neige Sinno. Notre prédiction à nous ! Et l'un des grands favoris... Réponse attendue le 7 novembre au Restaurant Drouant à Paris.
Dans Triste Tigre, déjà sacré par le prix Le Monde, la romancière Neige Sinno dépeint le portrait, les actes et la psychologie de son agresseur : son beau-père.
Les mots sont crus, le récit est celui d'une enfance meurtrie, de blessures qui ne guérissent pas. L'écriture de l'inceste, et de tout l'imaginaire qu'on lui associe, évoque un chef d'oeuvre : Le voyage dans l'est de Christine Angot, par ailleurs cité par Neige Sinno.
Tout en déconstruisant une certaine "culture de l'inceste", la romancière met en morceaux l'art du témoignage. Elle s'attarde sur cette grande question : comment se raconter ? et quoi raconter au juste ?
Dans cette non fiction sur la difficulté à "faire témoignage", l'autrice passe au scalpel les mécanismes des violences patriarcales, comme a pu le faire Vanessa Springora avec Le consentement (dont l'adaptation en film est attendue pour le 11 octobre)
Objet protéiforme, Triste tigre est à la fois un journal intime, une analyse littéraire, une réflexion sur l'écriture du Je. On pense très fort à la complexité d'un Emmanuel Carrère. En plus brutal.
Neige Sinno ne panse en rien ses plaies : à la lire, l'écriture ne guérit de rien, la parole ne libère pas, ne permet pas "d'exorciser", de "réparer" ce qui restera à jamais brisé. Elle écrit à ce titre, sans le moindre filtre : "Je ne crois pas à l'écriture comme thérapie. Et si ça existait, l'idée de me soigner par ce livre me dégoûte".