Trans, Céline Dion, bigoudis : on a vu la nouvelle pièce fantasque de Yasmina Reza
Trans, Céline Dion, bigoudis : on a vu la nouvelle pièce fantasque de Yasmina Reza
Avec "James Brown mettait des bigoudis", Yasmina Reza délivre une fable moderne d'une insolente drôlerie sur la transidentité, le rapport au corps et aux normes. Micha Lescot y incarne une superbe... Céline Dion."YASMINA REZA" "PLEIN PIED" SOIREE 11EME "NUIT DES MOLIERES" PARIS
Lauréate de plusieurs prix, en France mais également outre-atlantique, récompensant ses créations théâtrales, la dramaturge Yasmina Reza est de retour au Théâtre Marigny avec sa nouvelle pièce, James Brown mettait des bigoudis. Sous ce cocasse intitulé, se cache en vérité une fable moderne loin d'être bête sur la transidentité.Yasmina Reza arrive au restaurant "Le Drouant" pour recevoir le prix Renaudot 2016 pour son livre "Babylone" (editions Gallimard). Paris, le 3 novembre 2016. © Lionel Urman/Bestimage
Dans cette création dialoguée et musicale à découvrir jusqu'au 7 avril 2024, l'on rencontre Jacob. Ou plutôt Céline. Car notre protagoniste s'identifie à Céline Dion, dont il imite la voix (en québécois), les gestuelles de diva, et même les salutations à un public fervent.
Résidant dans un établissement dont les résidents déplorent vivre "dans le mauvais corps", il reçoit les visites de ses parents, aimants, oscillant entre incompréhension, empathie et perplexité. On penserait déceler de l'ironie là-dedans mais avec cette comédie moins cruelle que caustique sur le rapport au corps et à soi, Yasmina Reza délivre une ode à l'individu et à sa richesse. Sur scène ? Le lumineux Micha Lescot (Les Amandiers).Micha Lescot - Conférence de presse avec le réalisateur et les acteurs du film "Hors du temps" lors du 74ème Festival International du Film de Berlin, La Berlinale. Le 17 février 2024
Toute l'essence de James Brown mettait des bigoudis semble d'ailleurs contenue dans cette partition que déploie Micha Lescot, tour à tour candide, émouvant, drôle et fantasque, en interprète plus vraie que nature de la Reine du Titanic.Micha Lescot - Photocall du film "Hors du temps" lors du 74ème Festival International du Film de Berlin, La Berlinale. Le 17 février 2024 © Imago / Panoramic / Bestimage
Aux questionnements burlesques de ses parents, offrant de très efficaces instants de comédie (reposant sur une minutieuse diction et des échanges pleins de tendresse), rétorque une performance très "premier degré".Micha Lescot au photocall du dîner des nommés aux Cesar 2023 au Fouquet's à Paris le 6 février 2023. © Federico Pestellini / Panoramic / Bestimage
Il faut dire que Yasmina Reza, si elle n'élude jamais quelques mots d'esprit bien sentis, ne se complait pas dans un passage au crible acerbe des enjeux contemporains.Yasmina Reza - portrait - 30/01/1997 © Cédric Perrin / Bestimage
Abordant tour à tour à travers la voix de ses personnages la maltraitance barbare des corps féminins dans les contes de fées, le rapport à l'âge, et à la féminité, elle fait de sa "Céline" un électron libre qui n'a pas honte de s'assumer dans une société pétrie de conventions.Yasmina Reza, guest - Soirée d'inauguration du théâtre "La Scala Paris" à Paris le 11 septembre 2018. © CVS/Bestimage
A l'instar de cette douce émancipation, la pièce, à la mise en scène épurée (quelques décors, entre fenêtres de l'institution, forêt et rues brumeuses) se voit entrecoupée d'interludes au trombone et à la guitare électrique. Un rapport à l'émotion musicale qui rapproche d'autant plus l'interprétation de Micha Lescot d'une autre, tout aussi haute en couleurs : celle de Melvil Poupaud dans Laurence Anyways, le chef d'oeuvre de Xavier Dolan.Micha Lescot - Conférence de presse avec le réalisateur et les acteurs du film "Hors du temps" lors du 74ème Festival International du Film de Berlin, La Berlinale. Le 17 février 2024