"Lundi, nous parlerons de la représentation des homosexuels au cinéma, mardi de l'égalité des genres, mercredi de sexualité et de religion, etc". Voici un petit aperçu du menu de la "Sex Week" ("Semaine du sexe"), dont la 5e édition s'est tenue du 6 avril au 12 avril l'Université de Tennessee, à Knoxville (États-Unis). Pour la 5e année consécutive, les étudiants et le corps enseignant de cette faculté américaine se sont réunis autour d'ateliers et de tables rondes pour aborder la sexualité sous toutes ses formes.
"Notre événement vise à renforcer les individus grâce à des débats visant à encourager la sexualité positive et la positivité du corps", a déclaré Patrick Sonnenberg, co-président du Conseil exécutif de la "Sex Week" et étudiant en socio-linguistique à l'Université de Tennessee. Le séminaire vise notamment à informer et à prévenir les étudiants sur les risques sanitaires liés aux activités sexuelles, comme les Infections sexuellement transmissibles (IST), ainsi qu'à les sensibiliser sur les abus et les violences sexuelles.
Cette "Semaine du sexe" a également pour objectif d'encourager les jeunes étudiants à parler ouvertement de leur sexualité sans honte, ni tabou. Une initiative que l'on ne peut que saluer, surtout lorsqu'elle s'adresse à de jeunes adultes en pleine exploration de leur sexualité. Mais comme c'était à prévoir, la communauté conservatrice d'Amérique ne voit pas vraiment les choses du même oeil. Dans un article publié sur Fox News, l'éditorialiste Todd Starnes a qualifié l'événement de "carnaval de la semaine du sexe" et de "six jours de débauche XXX".
Selon le journaliste de Fox News, qui ne cache pas ses valeurs conservatrices, les ateliers et conférences organisés lors de la conférence du sexe sont "offensants" : "Alors que de nombreux Tennesseans iront à l'église le dimanche, les étudiants universitaires participeront à un 'Carnaval de la semaine du sexe', qui est à peu près aussi loin de l'église que possible, et ressemble davantage à un film porno", écrit-il. Steve Gill, animateur de radio conservateur dénonce quant à lui un "gaspillage de l'argent du contribuable américain ". Ce à quoi l'Université du Tenessee a rétorqué que ces programmes étaient exclusivement financés par des dons privés des étudiants et n'impliquaient de ce fait aucun fonds de l'État, rapporte le site The Independent.
Face aux propos de ces journalistes, Hancen A. Sale du Center for Public Policy est heureusement parvenu à élever le débat : "Un conseil : soyez prudent en assistant à un événement de la Semaine du sexe parce qu'il y a une vitalité de l'amour que vous pourriez ne pas trouver dans votre église", a-t-il écrit en s'adressant directement à Tob Starnes dans une lettre ouverte publiée sur Knox News. "Apprécier la diversité et l'unité de l'expérience humaine implique de comprendre l'éventail des identités sexuelles et de genre que nous détenons et exprimons, et comment celles-ci sont façonnées par la culture, la politique, la religion, l'environnement et même l'économie. L'université est un lieu d'éducation et de débats, et cela inclut des sujets importants comme le sexe et la sexualité", soulignent par ailleurs les fondateurs du la "Semaine du sexe".
Hélas, il n'y a pas qu'aux États-Unis que les valeurs conservatrices ont la vie dure. À Paris, la Queer Week de Sciences-Po, dont l'édition 2018 s'est déroulée du 16 au 24 mars, a en effet prouvé une fois de plus que la société conservatrice puritaine et moralisatrice a encore de beaux jours devant elle. Cette semaine de réflexion sur le genre et la sexualité initiée par Richard Descoings en 2010 fait en effet régulièrement l'objet de polémiques et de propos offensants envers la communauté LGT.
L'année dernière, des tags homophobes ("Pas d'homos à Sciences Po") avaient été réalisés sur la façade de Sciences-Po, alors que s'ouvrait la 7e édition de la Queer Week. Quelques heures plus tard, un haut-parleur dissimulé dans l'un des amphithéâtres de l'école parisienne a interrompu la conférence d'inauguration. Le message diffusé était un extrait de la bande-sonore de la Manif pour Tous.