Récits royaux, histoires posts apocalyptiques, bijoux intimistes, perles comiques... Ces derniers mois furent riches au possible du côté du champ télévisuel. Des postulats les plus captivants aux regards les plus sensibles, on se laisse balader d'une plateforme à l'autre, se plaisant à retrouver des univers ou à en découvrir de tout neufs. Mais on a pas forcément le temps de tout mater depuis le début de l'année. Ca tombe bien : l'été, c'est fait pour ça.
Mais dans ce torrent de choix, quels show privilégier à tout prix ? Pas d'inquiétude : suivez le guide.
De l'avis de tous les fans et médias les plus avides des Chroniques de Bridgerton, ce dérivé de la célèbre série à costumes de Netflix focalisée sur le personnage de la reine Charlotte est une réussite.
Elle parvient à invoquer le même souffle "jane austenien" tout en enrichissant ce récit d'un tout nouveau point de vue : la showrunneuse et légende de la série américaine Shonda Rimes (Grey's Anatomy, Scandal, Inventing Anna) souhaitait avant tout relater l'expérience loin d'être anodine d'une jeune femme noire dans un monde traversé de jeux de pouvoir.
Les amoureux de la comédie américaine les plus pointus vous citeront volontiers une perle du genre : Sans Sarah rien ne va, Forgetting Sarah Marshall dans la langue de Shakespeare. Une rom com / film de vacances irrésistible où rayonnaient les talents comiques de Jason Segel, Russel Brand, Paul Rudd et Mila Kunis. Cela tombe bien, le réalisateur de ce classique, Nicholas Stoller, vient de signer une série déjà applaudie par la critique : Platonic.
Diffusé sur Apple TV, ce show anthologique réunit un duo exceptionnel (Rose Byrne et Seth Rogen) et valorise, comme toujours chez son auteur, un équilibre doux amer entre mélancolie et humour ravageur. Un humour naturaliste, qui saisit tout de l'humain, même le plus trivial. Amitié, amour, romantisme, couples, expérience de la quarantaine, sont autant de thèmes qui s'enlacent dans cette rencontre entre la tendresse et la potacherie.
Ce n'est pas si courant que cela, une série qui déploie un casting de blockbuster hollywoodien des grands jours. Meryl Streep, Tahar Rahim, Forest Whitaker, Kit Harrington, Marion Cotillard, Tobey Maguire, Edward Norton... Tout le monde a été invité dans Extrapolations, et le pire, c'est que ce casting n'est pas la chose la plus sidérante : non, la réussite de cette série en huit épisodes diffusée sur Apple TV, c'est ce qu'elle nous raconte.
À savoir ? Une vision à peine catastrophée de notre monde : extinction d'espèces animales, planète "sur-chauffée", exode massive des populations, océans sur-pollués... Et on en passe. Scott Z Burns, le scénariste de Contagion (oui oui, le film qui avait prédit la pandémie de Covid) dresse un état des lieux glaçant de la crise climatique. Aussi haletant que tristement réaliste.
Cocorico : et si l'avenir de la comédie en série(s) était français ? Depuis le Platane d'Eric Judor (Canal +), on se le demande sincèrement. Dans la lignée de l'humour libre et acide de l'ex binôme de Ramzy, Jean-Pascal Zadi s'est imposé depuis son premier film Césarisé Tout Simplement Noir comme une valeur sûre en ce domaine. Nos zygomatiques en tressaillent.
Avec En Place, histoire caustique d'une improbable course présidentielle, l'acteur et auteur réunit un casting généreux (Eric Judor, Panayotis Pascot, Marina Foïs, Fary, Pierre-Emmanuel Barré) pour mieux déployer sa verve satirique et tranchante. Un jeu de massacre réjouissant à retrouver sur Netflix.
Autre création indispensable du côté de l'Hexagone, Aspergirl, minisérie de dix épisodes à retrouver sur OCS, et qui s'empare d'une thématique très rarement traitée avec justesse : l'autisme. Même les classiques proclamés - comme Rain Man - sont aujourd'hui volontiers contestés à ce titre. Pourtant, ce show qui met à l'honneur Nicole Ferroni - dans la peau d'une mère de famille qui présente un trouble du spectre de l'autisme - a été applaudi pour sa qualité d'écriture.
Portrait d'une femme qui s'exerce à être "normale", la série de Judith Godinot et Hadrien Cousin a su parler à beaucoup de personnes concernées, notamment en mettant en scène un diagnostic tardif, et certains détails relatifs à l'expérience de l'autisme au quotidien. Aspergirl est également parvenue à parler à un large public à travers la performance aboutie d'une Nicole Ferroni, ex humoriste de France Inter, désarçonnante de justesse.
La série la plus rock'n'roll de Prime Video est coproduite par Reese Witherspoon, et elle relate les déboires d'un groupe californien en plein coeur des années 70, leadé par la fameuse et brillante Daisy Jones - interprétée par l'actrice et réalisatrice américaine Riley Keough. Une vibe nostalgique traverse ce show qui oscille au gré de ses dix épisodes entre le musical entêtant, le faux documentaire et la romance. Difficile de bouder son plaisir face au soin apporté à la reconstitution historique et l'enthousiasme contagieux du casting... Dont son actrice principale, à qui l'on doit également un étonnant premier film en tant que cinéaste : War Pony.
Vous n'êtes jamais vraiment revenue de Chernobyl, la minisérie haletante de Craig Mazin qui relatait très minutieusement la macabre catastrophe nucléaire éponyme ?
Vous feriez mieux de jeter un oeil à The Days, récit tout aussi glaçant du drame de Fukushima. Autre désastre nucléaire, et humain, autre constellation d'enjeux que déploie cette mini-série japonaise en 8 épisodes à retrouver sur Netflix. Réalisme, minutie et angoisses caractérisent cette terrifiante reconstitution assurée par Hideo Nakata et Masaki Nishiura.
Après trois longues années d'absence de nos écrans, et une entrée dans la pop culture si fracassante que son propos acerbe en fut limite banalisé (la remarque "ah, c'est vraiment Black Mirror" face aux actualités est devenue une blague à part entière), le show le plus désespéré de Netflix est enfin de retour pour un sixième saison réjouissante.
Et avec lui, ses pitchs fous, sa saveur prophétique, son humour noir délicieusement tragicomique. On a beau simuler l'indifférence (le ton Black Mirror nous est désormais familier), ce fier héritier de La quatrième dimension n'a toujours pas trouvé d'équivalent en terme de frissons télévisuels.