Les inégalités et discriminations perdurent au sein du milieu de la photographie, même en 2020. Mais une alternative aux expositions traditionnelles - et auxdites institutions - demeure quand il s'agit d'accorder de la visibilité aux femmes photographes : Instagram.
Sur la plateforme sociale, les artistes les plus inspirantes nous ravissent à grands coups de clichés transgressifs et oniriques, érotiques et contemplatifs. Autant de "certains regards" déboulonnant le "male gaze" avec créativité, audace et style. Oui, les exemples de femmes photographes bousculant au quotidien les codes d'un art protéiforme ne manquent pas sur Insta. La preuve par huit.
Photographe et réalisatrice (on lui doit notamment l'essentiel documentaire Elles prennent la parole, co-réalisé avec Léa Bordier). Lisa Miquet flashe les célébrités avec un sens de l'intimisme aussi précieux que bienveillant. Captées de loin - comme des instants volés - ou de près - telles des confidences subtilement susurrées - les stars y révèlent leur air songeur et mélancolique, solaire ou introspectif.
Dans son "book" se côtoient Angèle et Billie Eilish, Pomme et Bilal Hassani, Clara Luciani et le rappeur Lujipeka. Les visages d'une génération.
Ce qui fascine tant à travers les clichés de cette photographe germano-ukrainienne, c'est ce sentiment obsédant d'inquiétante étrangeté qui semble planer sur chaque cadre, chaque interface et visage qu'elle modèle.
Masques bizarroïdes et angoisses insidieux, impression d'anormalité et parasitages divers hantent ses créations, comme dans un film - ou une série - de David Lynch. Le petit monde d'Alina Gross est aussi dérangeant que chiadé, symétrique que perturbant. Bon voyage.
Vous connaissez peut-être déjà Carmina, interviewée dans nos pages. Rédactrice en cheffe du site de "porn culture" Le Tag Parfait et réalisatrice de films pornographiques féministes, l'ancienne camgirl s'empare de son appareil photo pour redonner au nu ses lettres de noblesse.
A travers son regard (forcément #femalegaze) se déploie une vision éthique et plurielle de la sensualité comme des sexualités, traversée d'ondes body positive. Les corps des travailleurs et travailleuses du sexe sont captés avec naturalisme et sans voyeurisme. Une authenticité qui fait sens.
"Rêver en photographies", tel est l'adage bienvenu de cette photographe française qui, il est vrai, nous émerveille à chaque fois par son onirisme. Fleurs en pagaille et voûtes célestes vont de paires dans cet univers très graphique où l'infiniment grand côtoie toujours l'infiniment petit. C'est une magie certaine qui semble recouvrir chacune de ces images, odes itinérantes à la nature - grandiose - et à la beauté du monde qui nous entoure.
Derrière ce compte Instagram dont le descriptif cligne de l'oeil aux sorcières révolutionnaires se dévoilent de magnifiques mises en scène écoféministes. Nu éthique et panoramas naturels s'enlacent un cliché après l'autre. De ces cadres fascinants composés avec une grande maîtrise émanent des ondes quasiment surnaturelles, en dehors du réel. Des évocations qui déroutent autant qu'elles apaisent.
Ponctués de poèmes amoureux, les portraits de Capucine de Chocqueuse ravissent par leur douceur, sentimentale et spleenétique. Au gré de ses centaines de clichés, la jeune photographe parisienne construit une émotion qui passe aussi bien par la profondeur des regards - contemplatifs, fixes ou perdus dans le lointain - que par les choix des couleurs - le bleu, toujours le bleu, infini et azuréen.
A l'instar de ces expressions rêveuses qui bien souvent virent au flou artistique, on s'égare nous aussi dans ces instantanés aériens et harmonieux. Tout simplement beau.
On ne se lasse pas des clichés inclusifs de la photographe ougandaise Sarah Waiswa. C'est avec la même sensibilité que l'artiste sonde les expressions mystérieuses de femmes, hommes et enfants environnant, seuls ou réunis en groupes, bloqués dans le temps et l'espace ou en mouvement. Aucune émotion artificiel dans ces concentrés de vie mais une justesse continue, un art de la captation à fleur de peau. On applaudit.
Durant cette période exceptionnelle de confinement, bravant l'ennui et l'anxiété, l'on s'est plu à contempler les créations immersives de cette jeune photographe, qui n'a pas hésité à flasher ses espaces confinés. En résultent de beaux plans contemplatifs en noir et blanc et en couleurs, solaires et floraux, baignés d'une luminosité qui manque parfois à nos interminables journées. De quoi donner du baume en coeur en ces temps troublés.