"Je veux que le monde comprenne que les femmes ukrainiennes vivaient une vie paisible et moderne, comme n'importe quelle lectrice de Vogue dans le monde. D'ailleurs, elles étaient vos lectrices, puisque nous avons Vogue Ukraine. Elles ne préparaient pas d'abris anti-bombardement". L'espace d'une interview accordée à Vogue, la Première dame Olena Zelenska a raconté son expérience de la guerre en Ukraine. Et l'a fait avec éloquence.
L'épouse du président Zelensky a notamment affirmé son soutien aux milliers de femmes "qui ont dû accoucher dans des abris anti-bombes, qui ont subi une insécurité totale, la menace constante de la violence". Evoquant également le bombardement tragique de la maternité de Marioupol, elle a dédié ses pensées aux citoyennes ukrainiennes "qui vivent dans des villes toujours occupées comme Kherson, Melitopol, Berdiansk, ne peuvent même pas raconter à leurs proches ce qu'elles vivent, sans lien, tout contact est devenu impossible".
"On ne peut qu'imaginer le cauchemar qu'elles vivent, à chercher de la nourriture sous les tirs depuis un mois car l'aide humanitaire n'est pas autorisée à entrer", s'est-elle encore exprimée.
C'est aussi l'avenir des enfants ukrainiens qui inquiète grandement la Première dame. "Nous avons perdu des enfants. Ils sont morts d'éclats d'obus dans leur ville natale. Nous avons perdu plus de 200 enfants", a-t-elle déploré. Avec les bombardements, dit-elle, "soigner les enfants est devenu très compliqué, surtout ceux qui souffrent de maladies graves, nous devons tous les emmener à l'étranger pour les faire soigner".
"Quelque quatre millions de femmes et d'enfants ont migré et se trouvent maintenant dans d'autres pays. C'est difficile d'être migrant, aussi bien mentalement que physiquement. Vous devez repartir de zéro. Qu'est-ce que c'est que de vivre sans pouvoir porter ses propres vêtements ? Comment expliquer à un enfant pourquoi il ne dort pas dans son lit ? C'est une épreuve que l'on ne souhaite à personne", a encore ajouté Olena Zelenska.
Qu'a-t-elle dit à ses propres enfants, son fils de 9 ans et sa fille de 17 ans ? "Ils voient tout, comme tous les enfants d'Ukraine. Bien sûr, aucun enfant ne devrait avoir à voir ça, mais ils sont très honnêtes, très sincères. On ne peut rien leur cacher. Par conséquent, la meilleure stratégie est de dire la vérité. Nous avons donc discuté de tout avec ma fille et mon fils. J'ai essayé de répondre à leurs questions. Nous parlons beaucoup : parler de sa souffrance, ne pas tout garder pour soi, c'est une stratégie psychologique qui a fait ses preuves. Ça fonctionne."
La Première dame ukrainienne exige également l'ouverture d'une enquête internationale au sujet des violences dont sont victimes les femmes ukrainiennes. Elle évoque également non sans émotion "les dizaines de milliers de femmes avec des enfants dans les ruines de Marioupol". Et tient à rendre hommage aux femmes venues en aide à leurs concitoyennes, comme une médecin baptisée Iryna Yazova, qui aurait "secouru des voisins et des gens qui avaient besoin d'un abri et de soins pour des blessures par balles, les anesthésiait et les pansait, a même aidé à accoucher un bébé, sans lumière, sans eau et sans gaz, dans une maison au milieu des combats".
Et aujourd'hui alors ? Olena Zelenska espère la fin de la guerre en Ukraine, et vite. Elle conclut : "Je vis comme tous les autres Ukrainiens. Nous n'avons tous qu'un seul désir, que revienne la paix. Tous les Ukrainiens forment une seule armée. Chacun fait ce qu'il peut. On entend des récits, comme ces grands-mères qui font du pain pour les soldats juste parce qu'elles ressentent cet appel. Elles veulent que survienne la victoire".