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Souffrez-vous de FONO, la "peur de la normalité" ?
Publié le 27 août 2021 à 17:38
Par Louise Col
La FONO ("Fear of Normal"), qu'est-ce que c'est ? Un curieux phénomène, loin d'être réjouissant, qui peut probablement vous parler. Peut-être en souffrez-vous sans même le savoir, qui sait ?
Souffrez-vous de FONO ? Souffrez-vous de FONO ?© Adobe Stock
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En plus d'un an de pandémie, le coronavirus n'a pas été sans incidences sur nos attitudes et notre santé mentale. Les confinements notamment ont pu être synonymes d'une anxiété redoublée - quoi de plus normal, quand il est question de rester enfermé chez soi, dans un climat global d'incertitudes prononcées ? Néanmoins, un autre souci s'est très vite posé : l'anxiété du déconfinement, oui oui. Se déconfiner, un événement qui a pu provoquer du stress, de l'appréhension, des angoisses diverses.

Et aujourd'hui, à l'heure de la vaccination, d'autres phénomènes ayant trait à cet "après" timide sont mis en avant par les psychologues. Parmi eux, le "FONO". Quoi donc ? FONO : Fear of Normal. En somme, la peur de la normalité. Dit comme ça, le concept semble abstrait, mais il se réfère au plus familier FOGO : Fear of Going Out, autrement dit la peur de sortir de chez soi.

On vous en dit plus sur cette peur de la normalité.

Un phénomène psychologique insolite

La "normalité" en question, c'est celle de l'avant-Covid. Aller au taf "en présentiel" sans forcément privilégier le télétravail, sortir dans des bars, ne pas avoir érigé la visioconférence en réflexe social évident. Le retour au bureau notamment représente une once non négligeable de cette anxiété carabinée. Comment se conformer de nouveau aux injonctions sociales et professionnelles quand un bouleversement est venu bousculer les lignes ?

L'anxiété de la normalité, le phénomène post confinement ? © Adobe Stock

"Nous vivons dans un monde très différent depuis 18 mois. Certaines personnes se sont habituées au travail et à l'apprentissage virtuels et ne veulent pas revenir à la façon dont les choses étaient avant le COVID. Revenir à la normale n'est pas aussi facile qu'il y paraît lorsque nous avons été obligés de nous adapter rapidement aux changements et d'adopter une nouvelle routine", développe la psychologue new-yorkaise Sarah Gundle du côté du magazine en ligne Mic.com. A l'adaptation d'avant, doit succéder une nouvelle, au fâcheux goût de reviens-y. Un vrai chamboulement des routines.

Sur le papier, la FONO semble moins intense que la FOGO, qui implique une forme d'agoraphobie sévère, une anxiété sociale ressentie à l'idée de sortir de chez soi, se confronter à un monde potentiellement menaçant, (re)voir des gens ou se confronter aux bains de foule.

Cependant, la peur de la normalité ne doit pas être minorée. Elle se nourrit de ce que tout a pu advenir durant le confinement : une évolution de vos priorités personnelles et professionnelles, un désamour certain du "métro boulot dodo", une fatigue à l'idée de retrouver une forme de frénésie sociale faite de bars bondés, de contacts démultipliés, et autres injonctions diverses.

Au temps du Covid, l'anxiété prend bien des formes. © Adobe Stock

Un ras-le-bol mâtiné d'inquiétude donc. A ce titre, la FONO rejoint un phénomène bien actuel lui aussi, celui du burn-out social, à rapprocher de la "gueule de bois des introvertis". Soit l'appréhension d'un retour à une réalité sociale pouvant engendrer pressions et épuisement.

"On en revient à un "après" qui n'est pas comme la vie d'avant : il faut retourner travailler avec les risques que cela implique, renvoyer les enfants à l'école en prenant en compte les enjeux, reprendre un emploi du temps conventionnel... Tout cela atteint les individus différemment. Les femmes appréhendent elles ce déconfinement de la même manière que les hommes compte tenu de la charge mentale accumulée ?", s'interrogeait en ce sens le maître de conférences en sociologie Sylvain Bordiec.

Comment y faire face ?

D'accord, mais une fois étudié ce phénomène, comment y faire face ? Le site Supportiv a bien quelques idées à ce sujet. Privilégier l'écoute sincère à l'échange à tout prix, si l'anxiété des conversations se pointe en douce. Dans le cadre d'amitiés, ne pas hésiter à se fixer des limites : qui souhaitez-vous voir au juste ? Où ? Quand ? Ne pas s'obliger à dire "oui" à tout est déjà un bon début. Face aux bouleversements du monde, se focaliser sur sa propre évolution en un an (personnelle, professionnelle) peut aider à mieux appréhender le retour à une routine jugée morne ou dangereuse, en gardant à l'esprit le positif plutôt que l'incertitude.

"La meilleure chose à faire pour lutter contre l'un de ces problèmes est de reconnaître que vous n'êtes pas seul·e et de parler aux autres de ce que vous ressentez", recommande de son côté la psychologue Sarah Gundle, qui en appelle à privilégier une communication ouverte et bienveillante. Non sans consulter un médecin si l'anxiété s'intensifie outre-mesure bien évidemment.

Comme l'expérience de la pandémie, la peur de la normalité s'allège quelque peu si, le recul aidant, l'on comprend que l'on est, au fond, un peu tous dans le même bateau. Et que celui ne pas forcément vriller façon Titanic.

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